Interview

 

Combien de temps a été nécessaire pour la réalisation Regarder les morts ?

C’est difficile à dire car tout le travail qui vient en amont (de l’écriture du scénario à la préparation du tournage en passant par la recherche de financement) s’étire sur deux ans mais sans continuité. Sinon, nous avons tourné une semaine et il a fallu un peu moins de deux mois pour le montage, le montage son et la musique. Ensuite, la post-production s’est étalée sur plusieurs mois, mais là encore, il ne s’agit pas d’un travail continu, mais plutôt d’une succession épisodique de rendez-vous. Il est donc difficile d’être précis sur le temps concrètement nécessaire pour faire un tel film.

 

Quel message souhaitez-vous faire passer à travers ce film ?

Je ne cherche jamais à faire passer des messages avec mes films. Au contraire, il s’agit plutôt pour moi de traduire en films des interrogations qui m’obsèdent et de partager ces interrogations avec les spectateurs.

Ce film en particulier pose beaucoup de questions. Il interroge la solitude dans notre monde contemporain, la difficulté à créer des liens entre humains, mais surtout il questionne l’art et ce que les artistes peuvent nous transmettre ainsi que le poids et la mémoire de l’histoire. C’est un film qui reste très ouvert dans sa lecture, et chaque spectateur, individuellement et selon sa propre histoire, est libre de son interprétation ou des questions que le film lui pose.

 

Participer à des festivals, qu'est-ce que cela vous apporte, qu'en retirez-vous ?

Pour un réalisateur, les festivals permettent avant tout de montrer son travail au public et de pouvoir également discuter avec des spectateurs. En dehors des festivals, il n’y a pas d’autre lieux pour de telles rencontres.

 

Comment considérez-vous le format court-métrage : une première étape avant le long métrage ? Qu'est-ce qui vous plait dans ce format? Quel avenir voyez-vous pour le court-métrage ?

Pour beaucoup de réalisateur, notamment ceux qui ne réalisent que des films de fictions, le court-métrage est en effet trop souvent pensé uniquement comme une première étape avant un long-métrage. Mais pour moi, et probablement parce que je viens de l’expérimental et du documentaire, un court-métrage est avant tout un film en soi. Le court-métrage n’est pas un sous-cinéma, il existe même depuis le tout début du cinéma. On peut voir également que la majorité des films expérimentaux, des films d’animations et une bonne partie des films documentaires sont des films courts et il n’y aucune raison de penser que ce sont des premières étapes avant le long-métrage. Je suis persuadé d’ailleurs, que les courts-métrages réussis sont ceux justement qui ne sont pas avant tout des essais de réalisateurs pour montrer leur capacité à faire du long-métrage. Ce que j’aime personnellement en tant que réalisateur dans le court-métrage c’est sa capacité à proposer des histoires, d’expérimenter des nouvelles formes, de jouer avec des rythmes ou des temps différents. Il est possible de faire des propositions singulières et les partager avec les spectateurs car la durée de cette proposition est justement courte.

Sinon, je ne pense pas que l’avenir du court-métrage va profondément être bouleversé ces prochaines années. Il existe depuis plus de cent ans. En France, il est très bien diffusé, à tel point qu’un court-métrage peut toucher un nombre de spectateurs bien supérieur à certains longs-métrages mal distribués. Et c’est aussi un vivier de créateurs incroyables. La seule vraie nouveauté qui a pu apparaître ces dernières années, c’est la possibilité d’enfin diffuser des films de bonnes qualités par Internet. Ce qui est important pour le court-métrage car cela permet de toucher un public plus large que celui des festivals ou des émissions de courts-métrages à la télévision.

 

Que pensez-vous de ce festival lillois du court-métrage ? Vous le connaissez depuis longtemps ? C'est la première fois que vous y participez ?

Le festival a déjà montré certains de mes films précédents, mais malheureusement, je n’ai jamais pu venir y assister. Je peux juste dire que je trouve la programmation intéressante (et je dis ceci pas uniquement parce que mes films y sont projetés !)

 

Par Florian Vanbremeersch
La Voix du Nord, mars 2012